Le développement des cryptomonnaies depuis une dizaine d’années nous force à reconsidérer la place de l’argent dans nos sociétés et l’hégémonie exercée par les banques, à travers l’utilisation de la monnaie. Les cryptomonnaies vont-elles changer la donne et forcer les institutions financières à se montrer plus transparentes ?
Comment fonctionnent les cryptomonnaies ?
Les cryptomonnaies fonctionnent sur le principe de la décentralisation. Une cryptomonnaie comme le Bitcoin repose sur la technologie blockchain, qui implique que chaque transaction effectuée en Bitcoin soit enregistrée dans la blockchain Bitcoin. Ces transactions sont horodatées et identifient clairement les deux parties prenantes de l’opération. Elles sont ensuite revues par l’ensemble de la communauté et enregistrées dans un block de la blockchain. Ainsi, il n’y a pas de tierce personne dans la transaction qui vérifie ou valide cette dernière. C’est l’ensemble de la communauté qui garantit l’exactitude des transactions enregistrées.
Ce type de fonctionnement décentralisé rend ainsi la présence d’une banque (ou autre institutions financières) inutile, puisque la bonne exécution de la transaction est garantie par la communauté blockchain, qui l’horodate et la vérifie. Avec son fonctionnement peer-to-peer (pair-à-pair), les cryptomonnaies rendent inutiles la présence des banques.
Pourquoi les instituons bancaires sont-elles contre l’utilisation des cryptomonnaies ?
Grâce à leur fonctionnement qui repose sur la blockchain, les cryptomonnaies n’ont plus besoin d’institutions financières. Or, ces dernières régulent le système économique mondial et le quotidien de milliards de personnes en imposant des taux directeurs et des taux de rachat entre les banques. En effet, ce sont les banques qui maintiennent l’inflation à un niveau convenable et régulent les prix. Leur rôle est donc central dans l’économie mondiale.
A l’inverse, une économie fondée sur les cryptomonnaies serait entièrement soumise à leur volatilité et à la fluctuation des cours. Sans instance financière régulatrice, on ne peut savoir à quoi ressemblerait l’économie mondiale.
La monnaie nationale numérique : l’alternative aux cryptomonnaies
Pour allier numérique et souveraineté nationale, certains pays proposent des monnaies nationales, appelées CBDC (Monnaie Digitale de Banque Centrale). Par exemple, l’Inde propose une monnaie appelée « e-Rupee », rattachée à la valeur de la monnaie fiduciaire du pays, tout en étant accessible uniquement en format numérique. Ce type de monnaies a pour objectif d’être accessible à toutes les populations, y compris celles qui ne peuvent pas ouvrir de compte bancaire.
Son caractère numérique intéresse beaucoup de personnes et permet notamment de faire bénéficier des avantages des cryptomonnaies, tout en laissant la régulation des banques. De cette façon, les monnaies CBDC gardent les avantages de la monnaie fiduciaire (régulation et maintient d’un niveau stable de l’inflation) et se rend accessible à toutes les populations, y compris celles pour qui les comptes en banque sont interdites ou inabordables.